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Automobile : pétroliers et gaziers, les grands gagnants de la transition vers l’électrique

Dernière mise à jour : 23 févr.

 

Alors que les aides à l’achat diminuent en Europe, la transition du marché de l’automobile vers le tout électrique poursuit sa route. Dans ce nouveau Point of View, les consultants d’HAïAT décryptent la chaîne de valeur de la mobilité électrique et montrent la place prépondérante que vont prendre les pétroliers et les gaziers dans les prochaines années, au détriment des fournisseurs d’électricité traditionnels.

 

 

Une évolution de la régulation en France et en Europe 

 

L’accélération de la transition énergétique en Europe est notable avec le paquet "Fit For 55" de la Commission Européenne, qui prévoit que tous les nouveaux véhicules soient zéro émission d'ici 2035. En plus de fixer l'objectif de 2035 pour les voitures propres, la législation établit un objectif intermédiaire de réduction des émissions pour 2030, ce qui obligera les constructeurs automobiles à augmenter les ventes de véhicules électriques au cours des prochaines années. Cela représente en effet une baisse de vente de voitures thermiques de 55% d’ici 2030.

 

Des bonus écologiques accompagnent cette transition. Néanmoins, en Allemagne, les aides ont été brutalement arrêtées début 2024 tandis qu’elles ont diminué de 1000€ en France pour les ménages les plus aisés et ont été supprimées pour les modèles d’occasion. C’est que ces bonus coûtent plus cher que prévu à l’État, avec une part de marché des véhicules électriques ayant atteint 17% au lieu des 16% prévus en 2023. Pour 2024, le Gouvernement s’attend à ce que les véhicules électriques représentent 21% du marché neuf.

 

Dans ce contexte, la réglementation pousse les acteurs du secteur à s'adapter en explorant de nouveaux modèles d'affaires et de partenariats. Pour cela, il est important de bien circonscrire la chaîne de valeur de l’électricité dans le secteur de la mobilité.

 

 

Comprendre la chaîne de valeur de la mobilité électrique

 

 

La chaîne de valeur de la mobilité électrique est complexe et requiert une expertise spécifique à chaque étape, depuis la production des infrastructures de recharge jusqu'à l'offre de services et de produits adaptés aux attentes des consommateurs. Chez HAïAT, nous considérons que la chaîne de valeur se divise en trois grandes dimensions, en excluant la production et la maintenance du véhicule lui-même.

 

La première concentre les infrastructures de recharge pour véhicules électriques (EVCI). Il s’agit de fabriquer ces nouvelles infrastructures, de les installer, de les opérer et les maintenir, mais aussi d’offrir toute une gamme de services associés (partage de véhicules, cartes d’abonnement etc.)

 

La seconde concerne l’approvisionnement en électricité. De la production au transport en passant par la vente, il s’agit de la partie historiquement organisée par les fournisseurs d’électricité (EDF et RTE en France, par exemple).

 

La troisième dimension, enfin, est dédiée à la recharge intelligente (ou smart charging). Il s’agit de monitorer le niveau de charge des batteries, d’assurer les services associés et de rendre possible la réinjection d’électricité sur le réseau, jusqu’à la revente sur le marché de l’électricité.

 

Chaque étape de cette chaîne de valeur est essentielle pour le fonctionnement global du secteur et implique une collaboration entre différents acteurs pour fournir une expérience efficace pour les utilisateurs de véhicules électriques. Ces derniers sont d’ailleurs de plus en plus nombreux en Europe et en France.

 

 



Écosystème de la mobilité électrique - Chaîne de valeur détaillée

 

 

La nouvelle concurrence des pétroliers et des gaziers

 

Nombreux sont les défis stratégiques associés aux attentes des clients vis-à-vis de la mobilité électrique, notamment sur la question des bornes de charge. Pour cela, tous les acteurs (constructeurs, fournisseurs d’énergie, distributeurs…) tentent de se positionner sur un segment de cette chaîne de valeur, avec un point d’attention particulier sur la fourniture d’électricité — domaine auparavant chasse gardée d’acteurs historiques.

 

 




Segmentation de l'analyse des offres de produits et services dans l'écosystème de la mobilité électrique - Illustration

 

Source : HAïAT, Strat’Anticipation

 

D'ici 2030, on estime en effet que les fabricants de véhicules (OEM) se positionneront sur de nouveaux segments à valeur ajoutée sur cette chaîne de valeur, au-delà de la simple construction de voiture. Dans ce futur marché, Tesla, par exemple, est attendu comme producteur d'électricité grâce à ses activités dans le photovoltaïque et les batteries stationnaires, tandis que des groupes comme Renault, Volkswagen (Elli) et Stellantis devraient agir comme revendeurs d'électricité, concurrençant directement les fournisseurs d’électricité historique. La capacité à proposer des offres packagées énergie-charge-véhicule semble devenir progressivement un incontournable sur l’ensemble du marché.

 

 


 

Tesla propose déjà des tuiles solaires photovoltaïques pour particulier, en plus de ses gammes de véhicules

 

 

 

 

Par ailleurs, les compagnies pétrolières semblent les mieux positionnées dans cette transition et pourraient en tirer le plus de valeur. Par leur connaissance du marché, leur implémentation historique et leurs capacités à investir, elles sont les plus à même d’accompagner cette transition — à l’inverse des constructeurs automobiles pour qui l’énergie n’est pas un domaine d’expertise historique. Ce sont donc les pétroliers et les gaziers qui sont les mieux positionnés pour jouer un rôle clé dans l'écosystème de la mobilité électrique et en tirer le plus de valeur, en exploitant notamment leur réseau de stations-service.




Vision prospective à 2030 des pétroliers et gaziers sur la chaîne de valeur de la mobilité électrique

Source : HAïAT, Strat’Anticipation

 

 

 

Quelle place pour les fournisseurs d’électricité d’ici 2030 ?

 

D'ici 2030 et au-delà, face à cette nouvelle concurrence, les fournisseurs d’électricité auront donc tendance à se concentrer sur le développement et l'industrialisation d'offres de recharge intelligente, notamment les solutions V2G (Vehicle-to-Grid), c’est-à-dire de charge bidirectionnelle permettant à la voiture de recevoir de l’énergie provenant du réseau électrique pour se charger, mais également d’en fournir grâce à ses batteries. Ces initiatives, si elles s’industrialisent, pourraient voir ces fournisseurs prendre des positions stratégiques dans la réinjection d'énergie dans le réseau. Le pilotage de ces réseaux nécessitera la collecte et l’analyse massive de données en temps réel, ce qui favorisera également les entreprises technologiques positionnées sur ce marché.

 

En dépit des menaces potentielles posées par les compagnies pétrolières et gazières, les constructeurs automobiles sont plutôt envisagés comme des partenaires potentiels pour les fournisseurs d’énergie. Leur priorité devrait dès lors rester l'amélioration du réseau électrique et le développement de systèmes de tarification intelligents afin de permettre un équilibre entre l’offre et la demande d’électricité.

 

Dans cette transition vers la mobilité électrique, les compagnies pétrolières et gazières se réinventent, prouvant qu'elles tentent de s'adapter à un avenir zéro émission.

 

La capacité de ces géants à pivoter leur offre vers l'électricité souligne une évolution significative de l'industrie où la concurrence et la collaboration dessinent les contours d'un nouveau paysage énergétique.



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